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Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’université Panthéon-Sorbonne et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (Cessp-CNRS), est l’auteur, avec Igor Martinache, de La Fin des partis ? (PUF, 2020) et des Réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan (Belin, 1997).
Aux européennes, la proportionnelle, qui ne compte qu’un seul tour, a poussé les partis à se compter, et donc à marquer leurs différences. Lorsque les représentants sont élus à la proportionnelle, la désignation du chef de l’exécutif et le programme du gouvernement résultent de compromis qui sont construits après le vote.
Avec le scrutin majoritaire à deux tours des législatives, c’est l’inverse : le système incite les partis à conclure des alliances, voire à présenter des candidatures et un programme communs, avant même le premier tour. La constitution du Nouveau Front populaire en est l’expression la plus exemplaire, mais les tractations rocambolesques entre le Rassemblement national (RN), Reconquête ! et le président du parti Les Républicains (LR), ainsi que les accords discrets passés ici et là entre Renaissance et LR pour se partager certaines circonscriptions, s’inscrivent dans la même logique.
Le scrutin majoritaire à deux tours a très longtemps tenu le FN, puis le RN, à l’écart du pouvoir – hormis entre 1986 et 1988, où le FN disposait d’un groupe de trente-cinq députés, car l’Assemblée était élue à la proportionnelle. Alors qu’il représentait autour de 20 % de l’électorat dans les années 2000-2020, le FN/RN a été exclu du Parlement jusqu’en 2022. A cette date, la tripolarisation a cependant cessé d’être contenue par le mode de scrutin : en 2022, le RN a obtenu la majorité des suffrages dans des dizaines de circonscriptions.
Tout dépendra du taux de participation, de la mobilisation des différents électorats et de la stratégie des autres partis en lice. Depuis l’instauration du quinquennat, les législatives sont un scrutin de confirmation au taux de participation très faible – comme si nombre de Français, notamment ceux qui ont soutenu les perdants, considéraient que l’élection présidentielle avait tranché. Cela a permis aux présidents, jusqu’en 2022, de disposer d’une solide majorité parlementaire – même si celle-ci était parfois élue avec moins de 20 % des inscrits, comme en 2017.
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